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Avatars de Nerval

Spinozien

Nicolas Montessuit

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Voir aussi :
Barthésien
Bergsonien
Heideggerien
Philosophique

(LIVRE III — DE LA JOIE — traité more nervalico)

DEFINITIONS. I- Par ténébreux j'entends un corps en tant qu'il est affecté par un affect de tristesse dû à l'éloignement d'un corps lumineux.

II- Par veuf j'entends un corps, c'est-à-dire un mode de la substance pris sous l'attribut de l'Étendue, se trouvant dans un état d'éloignement relatif définitif d'un autre corps qui avait l'habitude de lui procurer un affect de joie.

III- Par inconsolé j'entends l'état d'un corps mû entièrement par des affects diminuant sa puissance et tendant à ne plus le faire perséverer dans son être.

SCHOLIE. J'emploie ces mots de ténébreux, veuf et inconsolé, non certes dans le sens que leur donne le grand nombre, mais d'une manière particulière à propos de laquelle je demande toute l'attention du lecteur. Par exemple, soit un prince d'Aquitaine à la tour abolie, bien que cette tour existe de manière éternelle en tant que mode de Dieu, je dis cependant que ce prince est ténébreux (par d.1), veuf (par d.2) et inconsolé (par d.3). Si de surcroît sa seule étoile est morte et que son luth porte un affect de mélancolie, alors nous pourrons dire que ce prince est en proie à des affects passifs manifestes.

COMMENTAIRE. — Certes je ne doute pas que ceux qui jugent communément suivant le cours des préjugés ne disent que dans cet asile de l'ignorance qu'ils appellent nuit du tombeau, ce soit une source de consolation que de retrouver, comme ils disent, le Pausilippe et la Mer d'Italie. Mais ils ne jugent pas de manière adéquate car (comme il découle de la Prop. 4 iii et du Schol. de la Déf II) il ne peut être aucun mode qui soit à la fois Amour ou Phébus, c'est-à-dire Lusignan ou Biron. Qu'ils rougissent donc de traiter ainsi diversement de la Substance unique, eux qui confondent allègrement les divers attributs de Dieu infinis en nombre, comme celui qui, n'allant pas lento gradu (comme le requièrent l'Axiome I et le scolie du Théorème II) confondent les soupirs de la sainte et les cris de la fée en tant qu'elles sont des choses étendues distinctes.


Parodie de L'Éthique de Baruch Spinoza (1632-1677).


© Nicolas Montessuit – 2003