J'aime tout ce que la mer abandonne
J'aime quand le soir en se retirant
Elle laisse après elle sur l'estran
Ce que les îles lointaines nous donnent
J'aime la sargasse au parfum d'Antille
Les souches noyées des forêts d'avant
Et j'aime avant tout, porté par le vent
L'écho de la voix de certaine fille
Dans ce chant très doux que le vent fredonne
Résonne le son d'un lointain été
Depuis ce moment où je l'ai quittée
J'aime tout ce que la mer abandonne
Né à Côme comme ma maman Anémone, amené en âne à Caen, je me sens maçon. Comme maçon, je sème mes cases. On en jase à Annemasse, à Cannes, même en Casamance ! Je me nomme Jean Mosca. Ma nana, môme canon, nommée Jeanne, économe non conne, m'a mené en noces à Cana. Messe, nonnes, encens, âmes en osmose, amen ! On en jacassa. On en cancana à Caen. Je maçonne ma casa en os concassés. Menace... on casse mes cases, on amasse ces sommes en sacs, on amasse ces sacs en somme. On somme, en Somme. Comme ça, je me casse en canoë en Écosse : cocasse, non ?
Un terrain splendide est justement disponible en plein cœur de Pirou-Plage, entre la chapelle et la place du marché. Jean l'achète pour une bouchée de pain et se met au travail d'arrache-pied. Déployant tous les ressorts de son art acquis avec tant de peine, il fait surgir de terre en peu de temps un édifice comme les Pirouais n'en ont jamais vu. De la couleur des murs à la pente du toit, du linteau des fenêtres au galbe des balcons, tout dans cette bâtisse témoigne de l'incroyable créativité dont Jean sait faire preuve en alliant la tradition italienne la plus pure aux derniers raffinements de la technique.
Bien entendu, une telle œuvre ne laisse personne indifférent dans le village. Tandis que ses détracteurs, emmenés par le curé de la paroisse, vouent aux gémonies cette horreur inspirée par le démon, le maire et ses affidés n'ont de cesse d'encenser le génial créateur qui a propulsé leur paisible bourgade à l'avant-garde de l'architecture contemporaine. Et lorsque le pharmacien, homme de progrès, franchit le pas un beau matin en demandant à Jean de lui en construire une semblable, la mode se répand comme une trainée de poudre. L'un après l'autre, les notables du village, puis ceux des environs, viennent le voir pour solliciter le privilège d'une maison conçue et construite par lui. Bientôt Jean ne peut suffire à la tâche et doit embaucher un manœuvre, puis un apprenti. En quelques années, il se trouve à la tête d'une véritable entreprise de construction dont les chantiers se multiplient dans tout le Centre Manche.
Que se passe-t-il ensuite ?
Ce qui tient le plus à cœur est rarement ce qui reste sur le cœur.
Ce qui retient le plus longtemps l'attention n'est pas toujours ce qui capte l'attention.
Ce qui contient le mieux les émotions n'est pas ce qui en contient le plus.
Ce qui est tien n'est rien quand il n'est aussi mien.
Ce qui est mien n'est bien que s'il est aussi lien.
Ce qui est lien sait bien ce qui est tien et mien.
Ce qui n'est rien sans lien revient et devient sien.
Écoutez ou téléchargez l'interprétation de la chorale de Pirouésie dirigée par Emmanuelle Dubost.
Mon toutou que j'adore,
Retiens-toi sagement
Quelques instants encore,
Juste un petit moment.
Évite de lâcher
Ou je vais me fâcher.
Veux-tu que je te dise ?
Je sais que tu le peux :
Quand se pointe une crise,
Tu fais toujours au mieux
Car tu es le meilleur,
Cher toutou de mon cœur.
Est-ce une envie pressante
Que tu ressens, mon chien ?
Une poussée puissante
Ou juste un petit rien ?
Es-tu dans le plaisir
Ou en train de souffrir ?
Retiens-toi je t'en prie,
Retiens-toi un instant.
N'attends pas que je crie,
Y'en a plus pour longtemps.
Pour te récompenser,
Ça y est, tu peux pisser.
Quand le vent souffle les paroles s'envolent.
Quand le vent souffle les Vikings se rapprochent.
Quand le vent souffle la terrasse fait peur.
Les murs épais ont traversé les siècles.
Les murs épais isolent et protègent.
Les murs épais sont rugueux sous la main.
Ne bouge pas mais écoute les arbres.
Ne bouge pas quand tu es bien assis.
Ne bouge pas avant d'avoir écrit.
Quand le vent souffle les Vikings se rapprochent.
Les murs épais isolent et protègent.
Ne bouge pas avant d'avoir écrit.
Ne bouge pas quand tu es bien assis.
Quand le vent souffle la terrasse fait peur.
Les murs épais sont rugueux sous la main.
Les murs épais ont traversé les siècles.
Ne bouge pas mais écoute les arbres.
Quand le vent souffle les paroles s'envolent.
Quand le vent souffle les murs épais ne bougent pas.
Si j'arrive à l'heure au château j'irai en haut de la tour revoir l'alignement des vaches.
J'irais bien à la montagne, j'aime pas la mer, les goélands, les marais.
Ne bouge pas avant d'avoir écrit.
Ne bouge pas quand tu es bien assis.
Si j'arrive à dormir debout je pourrai rester la nuit entière dans l'échauguette.
J'irais bien chez le Dalaï-Lama, j'aime pas les toits en pierre, les meurtrières et les chemins de ronde.
J'irais bien à Abu Dhabi, j'aime pas les douves remplies d'eau verte, les canards bleus et les allées de platanes.
Ne bouge pas mais écoute les arbres.
Si j'arrive à recueillir les mots dans un creuset, j'en ferai une tambouille guérisseuse.
Risquant chaque se | conde de chavirer |
il dépose ses far | deaux devant les palais |
au pied des esca | liers humides |
Il a | gonit d'insultes celui |
dont l'embarcation lui coupe la route | |
pour l'oub | lier sitôt après |
Bon anniversaire,
ma tendre moitié.
Voici pour te plaire
d'honnêtes paquets.
Grâce à cette pierre
grosse comme un œuf,
notre amour, ma chère,
paraîtra tout neuf.
Pointez-vous de bon matin
à la porte, à la porte,
pointez-vous de bon matin
à la porte du moulin.
Frappez sans hésitation,
on ouvrira tout de suite.
Suivez bien mes instructions
pour jouir de l'invitation.
Derrière le bâtiment
se trouvera une table
recouverte d'aliments
choisis pour votre agrément.
Tapez-vous la cloche à fond,
c'est de bon cœur qu'on régale.
Videz quelques carafons
comme tous les autres font.
Un, deux, trois quarts d'heure après
ou peut-être davantage,
quand vous vous sentirez prêt
on ira se mettreau frais.
Levez-vous de table alors,
venez vous joindre à la danse
et remuez votre corps
si vous le pouvez encor.
À bas les fonctionnaires publics !
À bas les flics !
N'oubliez pas nos messes !
N'oubliez pas nos mains aux fesses !
Mort aux violeurs pernicieux !
Mort aux vicieux !
Mort aux vieux !
Les assaillants puissamment armés qui ont attaqué trois convoyeurs defonds de la société Prosegur, à Lyon, ont emporté tout le chargement du fourgon, lequel, par chance, était vide.
* * *
Depuis une décennie, Corinne Hershley, est restée enfermée et privée de nourriture, sous prétexte que son époux ne lui permet de porter que du trente-six.
* * *
Douze ans, vous vous rendez compte ! Quelle horreur pour cette pauvre Catherine ! Pendant tout ce temps, pas une seule sortie ! Pas une ! Et quasiment rien à manger, avec ça ! Non mais quel salaud, son mari ! Du 34, qu'il fallait qu'elle porte, rien que du 34 ! Un pervers, je vous dis !
* * *
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Tic tac tic tac tic tac tic tac tic tac.
Douze ans comme ça.
Pfffff...
Douze ans à regarder passer le temps.
Tic tac tic tac tic tac tic tac.
Il part le matin, vlan, il verrouille la porte, clic clac.
Le jour passe, tic tac tic tac.
De temps en temps, vroum, une voiture qui passe au loin.
Parfois des chats qui se battent dans le jardin, miaou, grrr, pfff.
Le reste du temps, tic tac tic tac.
Seuls les grmmblblm de mon estomac vide troublent le silence.
Et le soir quand il rentre, vlan, la porte qui claque.
Toc toc toc toc toc, il accourt dans ma chanbre.
Et patati et patata, oh ma chérie, comme tu es jolie !
Et blablabla et blablabla et regarde la belle robe que je t'ai achetée.
Tu ne veux pas l'essayer tout de suite ?
Zip, zap.
Aïe aïe aïe, tu vois bien qu'elle est trop serrée !
Oh, snif, il va falloir te mettre au régime, ma chérie.
Et voilà, c'est pareil tous les jours.
Tic tac tic tac tic tac depuis douze ans.
Nicolas Graner, août 2019, Licence Art Libre