Attendre l'arrêt complet.
Soulever le loquet.
Descendre sur le quai.
Marcher jusqu'à l'escalier.
Monter les marches.
Franchir le portillon.
Monter d'autres marches.
S'engager sur le trottoir.
Parcourir 500 mètres.
S'arrêter devant la porte.
Sortir la clé de sa poche.
Enfoncer la clé dans la serrure.
Tourner la clé.
Mais pourquoi fait-elle un tour complet ? La porte était verrouillée. Elle n'est pas à la maison. Elle ne m'a rien dit. Elle est partie. Je savais que cela arriverait. Qu'est-ce que j'ai fait pour qu'elle parte ? Qu'est-ce que je n'ai pas fait ? Qu'est-ce que j'aurais dû faire ?
Entrer dans le salon.
S'asseoir dans un fauteuil.
Entendre des pas au dehors.
Voir la porte s'ouvrir.
Sentir l'odeur de pain frais.
La regarder ranger les courses.
Les gens qui sont clairs sont utiles en société.
Les gens qui sont clairs sont souvent recherchés mais pas toujours aimés.
Les gens qui sont clairs se ressemblent tous ; mais les gens confus le sont chacun à sa façon.
Les gens qui sont clairs le savent. Clairement.
Les gens qui sont clairs font de bons professeurs et de médiocres poètes.
Les gens qui sont clairs ne le sont pas toujours, ou pas partout, ou pas avec tout le monde, ou...
Rien n'est plus instable qu'un couple marié trop tôt,
qu'un funambule sans son balancier,
qu'un immeuble construit par un promoteur véreux,
qu'une chaise installée sur une plage de galets.
En fait, rien n'est plus instable qu'un couple de funambules véreux sur la plage.
Hippocampelephantocamélos
attend patiemment
entre les vers
je le déclame maladroitement
pédantisme
cékiçuila
keskifoula issèrakoi
pachémoi pachémoi pachémoi
chasséleu viréleu barréleu casséleu
jamaiplujamaiplujamaiplujamai
Je
veux voir
le vrai monde
sors-moi de là
rideau
Les deux hommes chevauchaient dans la plaine rase. Le premier, long et sec comme un hareng saur, portait armure, lance et bouclier. Son cheval, aussi maigre que lui, butait à chaque pas malgré les encouragements que lui prodiguait son cavalier de la voix et de l'éperon. À quelques pas derrière eux trottinait un âne efflanqué que montait un homme rondouillard et pensif, ballotté de ça et de là par les cahots du chemin. La chaleur du jour commençait à se dissiper ; c'était l'heure tranquille où les oiseaux vont boire. Les feux du couchant éclairaient à l'horizon une rangée de moulins à vent que la légère brise du soir animait d'un mouvement lent et régulier.
« Sancho, vois-tu ces géants qui agitent frénétiquement leurs bras immenses ? C'est mon ennemi l'enchanteur qui les a placés sur notre route pour nous empêcher d'atteindre son château. Nul doute qu'une noble princesse y est retenue prisonnière. Suis-moi, Sancho, et tu verras comment un chevalier errant affronte avec courage des adversaires plus puissants que lui lorsqu'il combat pour la justice et la beauté. »
« Mais il est maboul ce type. Qu'est-ce qu'il fout à pointer son manche à balai comme ça ? Il va me bousiller mon aile, ce connard. Attends un peu que je le chope, je vais te me l'envoyer valdinguer, il va chialer sa mère ! »
À nous la gloire et les victoires ! Sur toutes les mers nous sommes les kings, à Pirou comme à Tacoma !
Sur ces mots, il tourna les talons et s'éloigna à grandes enjambées. Elle fut un instant tentée de le rattraper, de le saisir à la gorge et de lui faire ravaler ses paroles, mais elle y renonça rapidement. Elle avait mieux à faire que de dépenser ainsi son énergie pour un infâme qui ne méritait que son mépris. Elle le regarda s'éloigner, tourner le coin et disparaître.
À cet instant un grondement sourd venu de nulle part ébranla l'air, enfla et devint rapidement assourdissant. Levant les yeux, elle distingua une boule de feu qui s'élevait à une vitesse vertigineuse dans le ciel sans nuages. Elle se rappela brusquement que c'était l'heure annoncée pour le lancement de la mission Mars Settlers et se précipita chez elle pour suivre les événements.
Toutes les chaines d'information continue étaient branchées sur le canal de l'Agence Spatiale. Sur son écran s'affichèrent les visages des deux spationautes, une Kenyane et un Cambodgien, en vol pour la planète rouge. Ils avaient l'air de souffrir de la terrible accélération qu'ils étaient en train de subir mais l'excitation de l'aventure se lisait dans leurs yeux. Soudain, une expression de terreur se peignit sur les traits de la jeune Noire. Le commentateur poussa un cri : « une explosion vient d'avoir lieu à bord ! La capsule quitte sa trajectoire ! »
Sur l'écran, le désordre était indescriptible. L'homme et la femme hurlaient, tentaient de se détacher, s'envoyaient des coups de poings. Le commentateur continuait à vociférer : « la capsule retombe ! Elle va s'écraser dans l'océan ! » La caméra embarquée transmettait toujours des images de chaos mais plus aucun son. Il y eut une seconde de noir à l'instant où le vaisseau frappa la surface des vagues, puis l'image revint.
L'Asiatique et l'Africaine étaient toujours vivants et se jetaient au visage des mots inaudibles. Au moment où s'ouvrit la porte de leur habitacle ballotté par les flots, l'homme, le visage décomposé, hurla une invective à l'adresse de sa compagne.
Après le bâton vient le chapeau d'or né de la dernière goutte, risque de compliments.
Je t'aime
un peu, beaucoup
mais parfois les sanglots longs des violons de l'automne
me donnent envie de te mordre.
Faquin ! Maraud ! Butor !
Retire ce que tu viens de dire et je te pardonnerai peut-être ;
alors la paix
règnera.
Quand le Viking monte à l'assaut
Assiégé, pars à tire-d'aile
Ou bien tu feras le grand saut
Quand le Viking monte à l'assaut
D'un coup d'aile fais-toi la belle
Ou tu resteras comme un sot
Assiégé, pars à tire-d'aile
Quand le Viking monte à l'assaut
Oie
grasse ?
Foie
d'oie ?
Passe-
moi
grasse
oie !
À la descente du car
qui nous amène à Beaucaire,
si nous avons mal au cœur
nous commanderons un kir.
Pour se requinquer le corps,
plutôt que de beaux discours
c'est bien la meilleure cure.
la mer
en folie
submerge la digue
en emportant dans sa furie
le sable et les rochers, les bancs et les parasols
le vent
en folie
pousse dans le dos
les promeneurs aventureux
la vague
en folie
te cueille et t'entraîne
mon cœur
en folie
demeure
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Que l'avenir est terrifiant !
Seuls des imposteurs te diront :
« on trouvera des solutions. »
Ne te laisse pas abuser !
Rien n'arrête jamais les hommes,
toujours plus loin, toujours plus fort,
pour profiter de la nature.
Plus d'espoir et plus d'optimisme.
C'est bien ce que nous méritons
quand on y regarde de près.
Quand on y regarde de près,
c'est bien, ce que nous méritons :
plus d'espoir, et plus d'optimisme.
Pour profiter de la nature,
toujours plus loin, toujours plus fort,
rien n'arrête jamais les hommes.
Ne te laisse pas abuser,
on trouvera des solutions.
Seuls des imposteurs te diront
que l'avenir est terrifiant.
_________________________________________________ l'oie
______________________________________ le foie de l'oie
_____________________________ la crise du foie de l'oie
____________ le dénouement de la crise du foie de l'oie
la tentative du dénouement de la crise du foie de l'oie
le suicide de la tentative du dénouement de la crise du foie
la victime du suicide de la tentative du dénouement de la crise
la réanimation de la victime du suicide de la tentative du dénouement
le service de la réanimation de la victime du suicide de la tentative
la porcelaine du service de la réanimation de la victime du suicide
la Chine de la porcelaine du service de la réanimation de la victime
l'empereur de la Chine de la porcelaine du service de la réanimation
le manchot de l'empereur de la Chine de la porcelaine du service
le bras du manchot de l'empereur de la Chine de la porcelaine
la clé du bras du manchot de l'empereur de la Chine
la serrure de la clé du bras du manchot de l'empereur
l'empreinte de la serrure de la clé du bras du manchot
le relevé de l'empreinte de la serrure de la clé du bras
le compteur du relevé de l'empreinte de la serrure de la clé
le cadran du compteur du relevé de l'empreinte de la serrure
la graduation du cadran du compteur du relevé de l'empreinte
la précision de la graduation du cadran du compteur du relevé
le maniaque de la précision de la graduation du cadran du compteur
l'arrestation du maniaque de la précision de la graduation du cadran
À l'ombre, le garde ferme une porte.
Une sortie tente le prisonnier.
Le prisonnier tente une sortie :
une porte ferme le garde à l'ombre.
Depuis trois mois assiégés dans leur fort,
Les Pirouais guettaient le vol des oies
Du haut des murs, des tours, de la terrasse.
Ils redoutaient que la faim les terrasse
Lorsque soudain, du plus humble au plus fort,
Ils furent tous changés en blanches oies.
L'un d'eux songeait, en suivant d'autres oies :
« Eût-il fallu qu'ici je me terrasse ?
En m'enfuyant, me montré-je plus fort ? »
Choisis l'effort, c'est la loi de tes races.
Qu'il fasse chaud, qu'il fasse froid, il fait aussi beau pour moi.
Qu'il fasse froid, qu'il fasse chaud, bois l'eau qui choit du tonneau.
Qu'il fasse chaud, qu'il fasse froid, les foies dorent au feu de bois.
Qu'il fasse froid, qu'il fasse chaud, on voit miroiter les flots.
Qu'il fasse chaud, qu'il fasse froid, les moineaux sautent de joie.
Qu'il fasse froid, qu'il fasse chaud, faut s'asseoir à la colo.
Elle se transformerait en fleurs et se résignerait à disparaître au fond du trou, dans une boîte embaumée gardée précieusement pour l'éternité. Si seulement nous pouvions rester enlacés, si seulement les souvenirs suffisaient, ce cocon salé confit de miel entrerait au musée. Personne ne saurait pourquoi on le retrouverait inquiet, solitaire, délicatement échappé des poubelles de l'Histoire. Si seulement on pouvait recommencer depuis la naissance, retenir intimement un attachement persistant avant qu'il ne soit trop tard, si seulement les choses inertes savaient vivre ! Personne ne sait pourquoi il faut flétrir à contre-cœur, ici, ailleurs, nulle part, par habitude.
Quand notre balle
se fait la malle,
on s'affole parfois un peu.
Pour la ravoir,
il faut savoir
vite grimper sur ce qu'on peut.
Mais si l'on monte
sans trop de honte
sur le radiateur au mur,
il faut s'attendre
à l'voir descendre,
bien sûr.
Parmi les fauves sanguinaires,
Camille s'amuse beaucoup :
la petite vétérinaire
distribue câlins et bisous.
Quand un vilain tigre l'embête,
elle l'attrape par le cou
et dit en arrachant sa tête :
« c'est dommage, il était si doux. »
Seule sans Maman
la première fois,
la petite prend
un gros chocolat.
Seule sans parents
la deuxième fois,
la petite prend
deux gros chocolats.
Seule sans famille
la troisième fois,
la petite fille
prend une crise de foie.
Montre-moi ta bonne tête,
mon Toutou, mon Toutou,
montre-moi ta bonne tête,
pose-la sur mes genoux.
Comme elle est jolie ta tête,
mon Toutou, mon Toutou,
comme elle est jolie ta tête
sans un poil sur le caillou.
Une planète de mille ans
privée de tous ses habitants
ça n'existe pas, ça n'existe pas.
Une planète de mille ans
toute couverte de volcans
ça n'existe pas, ça n'existe pas.
Mais ça existait pourtant
il y a plus de deux mille ans,
alors pourquoi pas ?
Nicolas Graner, août 2023, Licence Art Libre