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Avatars de Nerval

Durassique

Alain Zalmanski & Camille Abaclar


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Holmesien
Michalien
Proustien
Quenien
Rabelaisien
Tolstoïen

Desdichado consolabile

Ce serait dans une tour complètement abolie. Oui, dans une tour en Aquitaine. Il y aurait beaucoup de monde en ce soir-là. Il y aurait le veuf. Ça pourrait se voir parce qu'il serait inconsolable et ténébreux, le veuf, avec son soleil noir, son luth constellé, pleurant sa seule étoile morte, inconsolable. Oui c'est comme ça qu'il est, le veuf avec sa mélancolie bien noire, oui, bien noire.

Il est là dans la nuit, noire aussi, près du tombeau. Il cherche son ami et lui demande de lui rendre des affaires qu'il lui a prêtées, le Pausilippe et l'amer d'Italie. Sans doute un Picon. Oui, moi aussi du Pausilippe, du chinois, et de la mère de l'Italie, il me souvient. Fleur, treille, pampre, rose, il faut tout lui rendre. Pour consoler son cœur.

Le veuf lui se demande. Est-il Amour ou Phœbus, beaux comme des camions bâchés ? Est-il Lusignan ou Biron qui écrivent comme des Dieux. Oui. Lui le veuf. Je ne sais pas très bien moi-même. Je le revois, après le baiser de la Reine, le front rouge. La Reine de quoi, je vous le demande. Il rêvera, d'une pensée bien pure, que lui il pourrait nager dans une grotte. Oui, il nagerait dans une grotte avec des sirènes. Et alors ?

Le petit veuf, il a pourtant gagné deux fois la traversée de la Vologne. Il aime les odeurs d'écluse, de mariniers en sueur, les sons, des cris, des soupirs. On dirait Orphée le jazzman. Oui des cris de sainte, c'est exactement ça, ou alors des soupirs d'une fée. Sons sublimes en tous cas, forcément sublimes. Et moi aussi ça me retourne. Je me meus, ça m'émeut.

Gerite de Durval


Pastiche de Marguerite Duras (1914-1996).


© Alain Zalmanski – 2000