Proustien
Longtemps je me suis levé très tard, jusqu'à mon veuvage qui m'avait éloigné de Swann, des Verdurette et d'Odette de Crécy, laquelle ne manquait pas de passer avec moi des soirées, afin de tenter de me consoler en son château princier, de me préparer de petits biscuits en étoile, moulés dans la vulve rainurée d'une astérie, qui me rappelait que, de mornes journées en tristes lendemains, je me laissais envahir par les vicissitudes de la vie dont la mélancolie me remplissait d'une essence précieuse, tout en regrettant par une supplication haletante, surnaturelle, intense, l'inimitié de Madame de Pausilippe — Ditali par sa mère — qui avait dispersé mes fleurs, mes treilles et mes pampres, mes raisins et mes roses de Combray, me troublant au point que je ne me reconnaissais plus sous les déguisements des diverses œuvres de Biron, obligé de garder ce que peut éprouver l'ami, l'amoureux ou l'amant, le maître ou le disciple, l'émule ou l'Amphitryon, submergé par la fixité des composantes de mon âme, honteuse de ses actions, incertaine dans ses réactions et rêveuse au gré de ses méditations ; mais ensuite quelle gloire, quel délire de joie après la lame de fond de la traversée victorieuse, quels chants singuliers pour communiquer avec autrui en extériorisant les couleurs du spectre des résonances vocales de la composition intime de ces mondes que nous appelons les individus, bains de jouvence vers de nouveaux paysages, d'étoiles en étoiles et de fées en saintes...
Marcard de Neroust, À la recherche des dix chados perdus
Pastiche de Marcel Proust (1871-1922).
© Alain Zalmanski – 2000