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Retour vers Le cothurne étroit

La peinture à Dora (2013)

En 2013, Zazie mode d'emploi a proposé de jouer avec le texte suivant :

C'est surtout le soir que je me livre le plus volontiers à cette sorte d'exercice. Malheureusement, mes tableaux ne durent généralement pas plus de quelques minutes, quelquefois même quelques secondes. En termes de radio-activité, leurs « périodes » sont comprises entre celles du Thorium A (0,14 seconde) et du Radium C (3 minutes). Tout se défait avec rapidité, comme les dessins de la pluie sur une vitre, et d'authentiques chefs-d'œuvre se mettent à couler comme des camemberts. Le plus souvent, découragé, je me désintéresse de ces créations trop liquides et je pense à autre chose. D'autres fois, je m'accroche, je m'efforce de les remanier et j'utilise les débris d'un tableau en pleine déliquescence pour en fabriquer hâtivement un autre, qui ne durera d'ailleurs pas plus longtemps.

François Le Lionnais, La Peinture à Dora — L'Échoppe, 1999.

Dans La Peinture à Dora, François Le Lionnais raconte comment, lorsqu'il était prisonnier au camp de concentration de Dora en 1945, il parvint à résister aux conditions de vie terribles, notamment en se remémorant des tableaux qu'il connaissait bien et dont il cherchait à reconstituer mentalement chaque détail. En jouant avec l'extrait ci-dessus, j'ai d'abord tenté de faire comme si je ne connaissais pas ce contexte et traité le texte comme tous les autres proposés par Zazie mode d'emploi avec du détachement, voire de la dérision. Mais cela m'a mis mal à l'aise et dans mes dernières contributions j'ai au contraire cherché à prendre en compte la gravité du sujet, quitte à m'éloigner un peu du texte lui-même. Je présente néanmoins toutes mes contributions ci-dessous, tout en sachant que certaines peuvent choquer par leur légèreté.

Comme d'habitude, les textes de tous les contributeurs sont visibles sur le site Zazipo.


À la tombée du jour de préférence, j'aime beaucoup me livrer à ce genre d'exercice. Par malheur, mon tableau ne dure généralement qu'une minute ou deux, voire à peine une fraction. Par analogie avec la radio-activité, il a une « période » allant de celle du Thorium A (0,0022 min) à celle du Radium C (4 min). Tout part en lambeaux avec rapidité, comme une trainée de pluie derrière une vitre, et même un authentique chef-d'œuvre finit par couler comme un camembert. En général, découragé, j'abandonne tout intérêt pour cette création trop liquide et je change de préoccupation. Il m'arrive pourtant de m'accrocher, je m'efforce de le remanier et à partir de la dépouille d'un tableau en capilotade j'en fabrique hâtivement un autre, qui ne durera guère davantage.

Raymond Queneau, La Peinture à Dora — L'Échoppe, 1999.

Lipogramme en S.


t = 0

C'est surtout le soir que je me livre le plus volontiers à cette sorte d'exercice. Malheureusement, mes tableaux ne durent généralement pas plus de quelques minutes, quelquefois même quelques secondes. En termes de radio-activité, leurs « périodes » sont comprises entre celles du Thorium A (0,14 seconde) et du Radium C (3 minutes). Tout se défait avec rapidité, comme les dessins de la pluie sur une vitre, et d'authentiques chefs-d'œuvre se mettent à couler comme des camemberts. Le plus souvent, découragé, je me désintéresse de ces créations trop liquides et je pense à autre chose. D'autres fois, je m'accroche, je m'efforce de les remanier et j'utilise les débris d'un tableau en pleine déliquescence pour en fabriquer hâtivement un autre, qui ne durera d'ailleurs pas plus longtemps.

François Le Lionnais, La Peinture à Dora — L'Échoppe, 1999.

t = 3 min

Le soir je livre cette sorte de tableaux. Quelques minutes de radio-activité, celles du Thorium et du Radium, comme les dessins sur une vitre, se mettent à couler des camemberts. Souvent, découragé, je me désintéresse de ces liquides et je pense. D'autres fois je m'efforce de les remanier, j'utilise les débris en pleine déliquescence pour en fabriquer un qui durera longtemps.

François Lionnais, Peinture à l'Échoppe, 999.

t = 6 min

Le soir je livre du Thorium et du Radium. Sur une vitre se mettent des camemberts. Découragé, je me désintéresse et je m'efforce de remanier les débris pour fabriquer longtemps.

François, Peintre à chope, 499.

t = 9 min

Je livre du Radium sur des camemberts. Découragé, je m'efforce de remanier les débris.

Franc pitre, 249.

t = 12 min

Je livre du Radium sur les débris.

Frite, 124.

t = 15 min

Je livre les débris.

t = 18 min

Les débris.

t = 21 min

débris

t = 24 min

bris

t = 27 min

ri

t = 30 min

i

t = 33 min

.

Figuration de la désintégration du Radium C : la quantité de texte est divisée par deux toutes les trois minutes.


Bravant les kapos d'Auschwitz, Le Lionnais, jeune homme rétif et fier, voyage au gré des tableaux qu'il décrit pour les innomés.

Panscrabblogramme, texte composé avec les 102 lettres d'un jeu de Scrabble français (les jokers remplacent un L et un S).


C'est le soir que je fais avec joie ce type de test. Pas de bol, il est rare qu'une de mes vues dure plus qu'un clin d'œil. Pour le dire en deux mots, leur demi-vie va du Th-A (0,14 s) au Ra-C (3 min). Tout s'en va très vite, tel un jet d'eau sur un mur, et le plus beau des opus peut être in fine plus mou qu'un brie trop fait. Töt ou tard je suis las, je n'ai plus de goût pour cet art bien flou et ma tête part dans la lune. Mais il y a des fois où je me sens fort, où il faut à tout prix que, d'un tas de bric-à-brac à demi mort, je tire vite une vue qui, c'est vrai, ne dure pas non plus.

F. de Lion, L'Art à Dora — Le shop, 1999.

Aucun mot n'a plus de quatre lettres.


C'est un soir de vent, de tonnerre et de pluie. Il est plongé dans la contemplation d'un tableau. Un brusque coup de tonnerre et l'œuvre persistante se change en œuvre éphémère, avec une durée de quelques minutes ou quelques secondes, et une période qui dirait-on approche celle du Thorium gris de type A. Sur la vitre de sa fenêtre des minces fils de pluie forment des dessins qui se défont avec rapidité sous les coups de bélier que le vent assène contre le découragement soudain qu'engendre une pluie qui ne veut plus de ces créations trop liquides, pas plus que le tonnerre qui vous fait remanier les débris d'un tableau en pleine déliquescence, ou ce vent qui arrive presque à en fabriquer un autre, qui ne durera pas plus que le gong du soir.

François Mathews, Sainte Dora.

Hybridation entre C'est un soir de vent (Zazie mode d'emploi 2012) et La peinture à Dora.


Dès l'entrée des ténèbres, je reprends ce genre de test. Je le regrette : mes détrempes se perdent en des temps très brefs. En termes de rems, elles se présentent entre les éléments 100 et 107. L'ensemble se perd prestement, telles des lettres de grêle jetées vers les fenêtres, et des perles célestes se mettent en berne telles des chèvres cendrés de Vernet. C'est de règle, ces espèces de spectres me désespèrent, je m'énerve et je cesse de me les mettre en tête. De temps en temps je persévère, je tente de les remettre ensemble, je me sers de restes de détrempes en dégénérescence et je les régénère lestement en de belles scènes, et en même temps, je le pressens, elles se perdent derechef en des temps très brefs.

Ferenc Le Celléen, Scènes de Bergen-Belsen — Le Cercle de Vente, 737 & 737 & 137 & 137 & 137 & 107 & 7.

Monovocalisme en E.


C'est rarement le matin que je m'abstiens à contre-cœur de démonstrations très différentes. Par bonheur, mes symphonies s'étendent parfois sur plusieurs mois, voire plusieurs années. Sans parler de stabilité, leur permanence dépasse celles de l'hydrogène et de l'hélium. Rien ne persiste lentement, contrairement à l'invisible sécheresse sous les portes, et de prétendues croûtes se figent comme des kouglofs. Exceptionnellement, plein d'ardeur, je me passionne pour ces disparitions insuffisamment solides et j'agis dessus. En même temps, je m'en détache, je les laisse filer en l'état et je délaisse l'essentiel d'une symphonie au sommet de sa splendeur sans détruire insensiblement la même, qui perdurera aussi beaucoup plus brièvement.

Germain De Lisle, La Musique au Club Med — La Bourse, 8000.

Antonymie : chaque mot est remplacé par un mot de sens opposé.


Castor abattra Erwann
Mulot descendra Diego
Écureuil occira Chipeur
Souris zigouillera Babouche

Lapin tuera Dora

Chicago, une forme inventée par Paul Fournel. Les noms sont ceux des personnages de la série télévisée Dora l'exploratrice.


François Le Lionnais : la peinture à Dora
Pétrarque : répondait à Laure
Jack Kerouac : routard à la peine
Théodore Géricault : prônait le radeau
Jésus : prôna autre idéal
Sigmund Freud : tua délire parano
Roger Federer : Nadal a été pourri
Front National : aura droit à Le Pen
Bernard Arnault : le patron ardu, aïe !
Scarlett O'Hara : n'a l'idée pour Tara
Ragueneau : anar, le roi du pâté
Tithon : Aurora le pendait
George W. Bush : Laura t'a rien dopé ?
Tarzan : porta liane ardue
Narcisse : répondrait à l'eau
Woodstock : on aura trépidé là
Henri Vincenot : il a narré au dépôt
Roland : paladin arrêté où ?
Ronald McDonald : n'a droit à la purée
Harry Potter : l'adopté aura rien
Loth : a alourdi parente
Paul-Émile Victor : dira être au Lapon
Père Noël : déplora traîneau
Le Prince d'Aquitaine : à la tour peinarde
Nicolas Graner : un pareil a radoté

Anagrammes. La partie après les deux-points est toujours composée des mêmes lettres. D'autres membres de la liste oulipo ont répondu à ce texte en composant d'autres anagrammes, que l'on trouvera sur le site Zazipo.


C'est surtout le loir que je livre le plus volontiers à cette sorte d'écrevisse. Malheureusement, mes taureaux ne durent généralement pas plus que quelques minettes, quelquefois même quelques arondes. En termes de reproductivité, celle des platodes est comprise entre leur thorax et leur rachis. Tout se défait avec la pie d'été, comme les deux seins de la truie sur une huitre, et d'authentiques couleuvres se mettent à roucouler comme des kamptozoaires. Le plus souvent, les couguars et geais se désintéressent de ces créatures trop équidées et pansent d'autres aloses. D'autres foies d'épinoches, je m'efforce de les empailler et j'utilise les cabris d'un taureau en plein délire des sens pour en fabriquer hâtivement une autruche, qui ne durera d'ailleurs pas plus qu'un taon.

Anchois le lion niais, La Pintade à Cobra — Les Phoques, 1999.

Les mots principaux sont remplacés par des noms d'animaux.


Longtemps, je me suis couché de bonne heure. Parfois, à peine ma bougie éteinte, mes yeux se fermaient si vite que je n'avais pas le temps de me livrer à mes exercices favoris. Et, une demi-heure après, la pensée qu'il était temps de décrire un tableau m'éveillait ; je voulais contempler la toile que je croyais avoir en mémoire et en détailler les particularités ; je n'avais pas cessé en dormant de faire des réflexions sur ce que je devrais en dire, mais ces réflexions avaient pris un tour un peu particulier ; il me semblait qu'elles se désintégraient comme ces atomes radio-actifs qui disparaissent sous les yeux même des savants occupés à les observer ; que mes pensées elles-mêmes étaient pétries dans ce Radium, ce Thorium dont la vie, ou pour mieux dire la demi-vie, survivait pendant quelques minutes, parfois seulement quelques secondes, à mon réveil ; elles ne choquaient pas ma raison, mais brouillaient mon regard comme les dessins de la pluie sur une vitre et m'empêchaient de me rendre compte que le tableau s'était rapidement défait comme un camembert en coulant échappe à la forme que le fromager lui a assignée. Puis elles commençaient à me devenir inintelligibles, comme après la métempsycose les pensées d'une existence antérieure ; le sujet du tableau se détachait de moi, j'étais libre de m'y intéresser ou de penser à autre chose ; aussitôt je recouvrais la vue et j'étais bien étonné de trouver autour de moi les débris d'un chef-d'œuvre en pleine déliquescence auxquels mon esprit s'accrochait avec le chimérique espoir d'en fabriquer hâtivement un autre, qui ne tarderait d'ailleurs pas à lui apparaître comme une chose sans cause, incompréhensible, comme une chose vraiment obscure.

Marçois Le Léonié, Le Temps perdu à Dora.

Parodie du début d'À la recherche du temps perdu de Marcel Proust.


Où De Neral paraît

Les quelques sonnets pessimistes qu'on me répéta souvent en 1939-1940 sont incrustés dans mon esprit. Sans chercher, ni même le décider, l'un sort quelquefois de ma mémoire, saccadé, mutilé, dépité, comme accablé de coups :

Je suis le ténébreux, le veuf désespéré,
Ce vil duc de Fréjus dans des murs décrépits.
Cette étoile est perdue, et le luth constellé
Trace le soleil noir de ma misanthropie.

La nuit, près du caveau, toi qui m'as décillé,
Rends-moi, entre la Mecque et des mers de Turquie,
Cette fleur qui plut tant à mon coeur désolé
Et la vigne où le pampre et des roses s'allient.

Qui suis-je ? Amour, Phébus ? Député de Biron ?
Ma crête est rouge, à tort, du bécot d'une reine.
J'ai rêvé de la cave où nage une sirène.

Mais quatre fois, vainqueur, je franchis l'Achéron.
Je murmure en deux temps sur cette flûte, Orphée,
Les soupirs de la sainte et les cris de la fée.

Anagramme. L'ensemble de ce texte est composé des mêmes lettres que le texte original. Le poème est une parodie d'El Desdichado de Gérard de Nerval. Le titre est une anagramme de « La peinture à Dora » et contient une version déformée du nom De Nerval, comme le texte contient une version déformée de son poème.


L'art atroce

Souvent, pour résister, les hommes mis en cage
Dans les camps des Nazis, des Soviets ou des Khmers
Évoquent un repas, une femme, un voyage,
Qu'ils racontent du fond de leurs gouffres amers.

Tel qui fut comédien se revoit sur les planches,
Jadis paré d'azur, à présent si piteux.
D'autres, apercevant des bouts de toiles blanches,
Croient surprendre un tableau qui traîne à côté d'eux.

Ces artistes zélés dont la mémoire seule
Voit des fragments de beau dans l'empire du laid,
Une fleur de Monet, de Rembrandt une gueule,
Les arrache un instant au désespoir complet.

Le Lionnais est semblable à ces âmes damnées ;
Au cœur de la tempête il trouve où s'accrocher.
Exilé au milieu des hordes condamnées,
Son savoir de géant l'empêche de flancher.

Parodie de L'albatros de Charles Baudelaire conservant les mêmes rimes et certaines homophonies.


Voici Dora.

Voici le camp de Dora.

Voici la place centrale du camp de Dora.

Voici l'appel sur la place centrale du camp de Dora.

Voici les heures interminables de l'appel sur la place centrale du camp de Dora.

Voici le détenu debout pendant les heures interminables de l'appel sur la place centrale du camp de Dora.

Voici l'épuisement du détenu debout pendant les heures interminables de l'appel sur la place centrale du camp de Dora.

Voici la mémoire intacte malgré l'épuisement du détenu debout pendant les heures interminables de l'appel sur la place centrale du camp de Dora.

Voici le tableau qui surgit dans la mémoire intacte malgré l'épuisement du détenu debout pendant les heures interminables de l'appel sur la place centrale du camp de Dora.

Voici le peintre qui a réalisé le tableau qui surgit dans la mémoire intacte malgré l'épuisement du détenu debout pendant les heures interminables de l'appel sur la place centrale du camp de Dora.

Voici le chef-d'œuvre du peintre qui a réalisé le tableau qui surgit dans la mémoire intacte malgré l'épuisement du détenu debout pendant les heures interminables de l'appel sur la place centrale du camp de Dora.

Voici le portrait qui est le chef-d'œuvre du peintre qui a réalisé le tableau qui surgit dans la mémoire intacte malgré l'épuisement du détenu debout pendant les heures interminables de l'appel sur la place centrale du camp de Dora.

Voici la jeune fille dont le portrait est le chef-d'œuvre du peintre qui a réalisé le tableau qui surgit dans la mémoire intacte malgré l'épuisement du détenu debout pendant les heures interminables de l'appel sur la place centrale du camp de Dora.

Voici les lèvres de la jeune fille dont le portrait est le chef-d'œuvre du peintre qui a réalisé le tableau qui surgit dans la mémoire intacte malgré l'épuisement du détenu debout pendant les heures interminables de l'appel sur la place centrale du camp de Dora.

Voici la commissure des lèvres de la jeune fille dont le portrait est le chef-d'œuvre du peintre qui a réalisé le tableau qui surgit dans la mémoire intacte malgré l'épuisement du détenu debout pendant les heures interminables de l'appel sur la place centrale du camp de Dora.

Voici la fossette à la commissure des lèvres de la jeune fille dont le portrait est le chef-d'œuvre du peintre qui a réalisé le tableau qui surgit dans la mémoire intacte malgré l'épuisement du détenu debout pendant les heures interminables de l'appel sur la place centrale du camp de Dora.

Voici la transparence nacrée de la fossette à la commissure des lèvres de la jeune fille dont le portrait est le chef-d'œuvre du peintre qui a réalisé le tableau qui surgit dans la mémoire intacte malgré l'épuisement du détenu debout pendant les heures interminables de l'appel sur la place centrale du camp de Dora.

Voici la désintégration de la transparence nacrée de la fossette à la commissure des lèvres de la jeune fille dont le portrait est le chef-d'œuvre du peintre qui a réalisé le tableau qui surgit dans la mémoire intacte malgré l'épuisement du détenu debout pendant les heures interminables de l'appel sur la place centrale du camp de Dora.

Voici la toile déliquescente laissée par la désintégration de la transparence nacrée de la fossette à la commissure des lèvres de la jeune fille dont le portrait est le chef-d'œuvre du peintre qui a réalisé le tableau qui surgit dans la mémoire intacte malgré l'épuisement du détenu debout pendant les heures interminables de l'appel sur la place centrale du camp de Dora.

Voici les débris de la toile déliquescente laissée par la désintégration de la transparence nacrée de la fossette à la commissure des lèvres de la jeune fille dont le portrait est le chef-d'œuvre du peintre qui a réalisé le tableau qui surgit dans la mémoire intacte malgré l'épuisement du détenu debout pendant les heures interminables de l'appel sur la place centrale du camp de Dora.

Voici la tentative de récupération des débris de la toile déliquescente laissée par la désintégration de la transparence nacrée de la fossette à la commissure des lèvres de la jeune fille dont le portrait est le chef-d'œuvre du peintre qui a réalisé le tableau qui surgit dans la mémoire intacte malgré l'épuisement du détenu debout pendant les heures interminables de l'appel sur la place centrale du camp de Dora.

Voici le garde qui met fin à la tentative de récupération des débris de la toile déliquescente laissée par la désintégration de la transparence nacrée de la fossette à la commissure des lèvres de la jeune fille dont le portrait est le chef-d'œuvre du peintre qui a réalisé le tableau qui surgit dans la mémoire intacte malgré l'épuisement du détenu debout pendant les heures interminables de l'appel sur la place centrale du camp de Dora.

Voici le revolver du garde qui met fin à la tentative de récupération des débris de la toile déliquescente laissée par la désintégration de la transparence nacrée de la fossette à la commissure des lèvres de la jeune fille dont le portrait est le chef-d'œuvre du peintre qui a réalisé le tableau qui surgit dans la mémoire intacte malgré l'épuisement du détenu debout pendant les heures interminables de l'appel sur la place centrale du camp de Dora.

Voici le coup de revolver du garde qui met fin à la tentative de récupération des débris de la toile déliquescente laissée par la désintégration de la transparence nacrée de la fossette à la commissure des lèvres de la jeune fille dont le portrait est le chef-d'œuvre du peintre qui a réalisé le tableau qui surgit dans la mémoire intacte malgré l'épuisement du détenu debout pendant les heures interminables de l'appel sur la place centrale du camp de Dora.

Voici la fin de l'appel sur la place centrale du camp de Dora.


Nicolas Graner, 2013, Licence Art Libre