En 2012, Zazie mode d'emploi a proposé de jouer avec le texte suivant :
C'est un soir de vent, de tonnerre et de pluie. Elle est plongée dans la lecture des Hauts de Hurlevent en bande dessinée. Un brusque coup de tonnerre et la pluie persistante se change en pluie d'orage, avec des éclairs nets ou diffus, et un tonnerre qui dirait-on fouette les frondaisons dans les gris du soir. Par le cadre de sa fenêtre s'infiltrent des minces fils de pluie poussée par les coups de bélier que le vent assène contre l'abondance soudaine d'une pluie que ne veut ni homme ni herbe, pas plus que le tonnerre qui vous fait sauter comme un enfant, ou ce vent qui arrive presque à étouffer le gong du soir.
Harry Mathews, Sainte Catherine, P.O.L., 2000
Toutes les contributions sont visibles sur le site Zazipo. Les miennes sont également reproduites ci-dessous.
Vent, tonnerre et pluie,
Foudre, orage, inondation.
Elle lit Brontë.
Haïku : forme poétique japonaise traditionnelle.
C'est une nuit de bise, de foudre et de crachin. Il est plongé dans l'examen de Jane Eyre en texte illustré. Une brusque explosion de foudre et le crachin persistant se change en déluge de pluie, avec des décharges nettes ou diffuses, et une tempête qui dirait-on fouette les branchages dans la grisaille vespérale. Par l'huisserie de son œil-de-bœuf s'infiltrent des minces trainées de crachin poussé par les frappes répétées que la bise assène contre le redoublement soudain d'un crachin que ne veut ni bête ni champ, pas plus que la foudre qui vous fait sauter comme une fillette, ou cette bise qui arrive presque à étouffer la clameur de la nuit.
Mary Hathews, Saint Quatrain, P.O.L., 2000
Transgenre : les mots masculins sont remplacés par des mots féminins et vice versa.
« Allô ? C'est moi. Je te dérange pas ?
— Euh, non, pas trop.
— Qu'est-ce que tu fais ?
— Je lis une BD.
— C'est quoi ?
— Un machin anglais. C'est pas mal. Les Hauts de Hurlevent, ça s'appelle.
— Hurlevent ? Ben dis donc, c'est le jour pour lire ça.
— Ça tu peux le dire ! Jamais vu un temps aussi pourri depuis que je suis ici.
— Et c'est pas près de s'arranger. Il flotte de plus en plus, et on dirait que le tonnerre se rapproche.
— Bingo ! Un éclair qui vient de tomber juste devant. Pratiquement sur l'arbre d'en face, on dirait. Enfin je suis pas sûre, il fait tellement sombre on n'y voit rien. C'est comment déjà ce truc où on compte les secondes pour savoir à quelle distance est l'orage ?
— Qu'est-ce que t'as dit ? J'ai rien entendu. Il y a eu un coup de tonnerre, je te raconte pas.
— Oh mais... attends, quitte pas, je vais voir un truc.
— ...
— Allô ? Oui, ben c'est bien ce que je pensais. Il y a une fuite à ma fenêtre.
— Oh merde alors. Une grosse ?
— Pas trop. Ça suinte un peu tout autour mais ça coule pas vraiment.
— Remarque, avec le vent qu'il y a, c'est pas étonnant. Il pousse la pluie à l'intérieur.
— Ah tu crois ? Ouais, c'est peut-être ça.
— C'est sûr ! Chez moi c'est pareil, on dirait qu'il cogne sans arrêt contre le mur.
— Remarque, il y en a qui doivent être contents, c'est les paysans qui se plaignaient de la sécheresse. Là au moins ils sont servis.
— Tu parles ! Un orage comme ça, ça bousille tout et ça remplit même pas les nappes phréatiques, comme ils disent. Ça vaut rien pour les cultures.
— Ouais, t'as peut-être raison. Aaaahhhh !!!
— Qu'est-ce qu'il t'arrive ?
— Oh rien, c'est le coup de tonnerre qui m'a fait sursauter.
— Quelle gamine ! T'as encore peur des orages à ton âge ?
— Qu'est-ce que t'as dit ? J'entends rien avec ce potin.
— Bon je te laisse, c'est pas la peine, on n'entend rien. Je te rappelle demain. Bye.
— Ciao, Harry. Tu feras la bise à Catherine et à Pol. »
Un grain oppressant nous effraie. Voilà déjà l'eau qui entre ! Tu veux lire les BD gore à l'abri chez moi ? Mets ton K-Way, c'est humide.
Panscrabblogramme, texte composé avec les 102 lettres d'un jeu de Scrabble français (les jokers remplacent un R et un U).
Une soirée de bise, de tonnerre, de pluie. Elle ne cesse de lire quelque bande dessinée fantastique. Une brusque décharge de tonnerre : cette pluie persistante donne une pluie d'orage accompagnée de foudre, nette cette minute, diffuse cette autre, telle que le tonnerre semble battre le faîte de l'arbre que baigne le sombre crépuscule. Le cadre d'une fenêtre laisse sourdre quelque mince coulée de pluie que pousse le battage que le cyclone assène contre une abondance soudaine de pluie que ne réclame nulle bête, nulle herbe, de même que le tonnerre capable de te surprendre comme une gamine, voire le souffle presque susceptible de faire taire toute musique vespérale.
Arrime Athiouze, Sainte Catherine, PÔLE, 2000
Tous les mots se terminent par un E, éventuellement élidé.
C'est un soir avec du vent, du tonnerre, du crachin. Elle paraît comblée par une BD : Hurlevent, d'Y. Leclercq. Un vif coup de tabac, puis le crachin se fait mousson terrible, un festival d'éclairs ou nets ou indistincts, même du tonnerre qui semble agonir quelque frondaison bleutée dans le gris du soir. De l'encadrement poli de sa fenêtre s'échappe un fil de crachin poussé ici par le coup de boutoir asséné d'emblée par le typhon à l'encontre du flot imprévu dont l'homme ni l'herbe n'a voulu, et pas du tonnerre qui donne la frousse à l'enfant ou ce gros vent qui se dit capable d'étouffer dans l'air le gong du soir.
Mots disjoints, également appelé « contrainte du snob » : deux mots successifs n'ont aucune lettre en commun.
Une nuit de vent, de tonnerre et de pluie. Elle lit avec grande attention un roman d'Emily Brontë en BD. Un coup de tonnerre inattendu et la pluie continuelle devient une pluie d'orage, avec force feux lumineux ou ténébreux, et un tonnerre qui dirait-on fouette la canopée quand tombe la pénombre. Par le cadre de la fenêtre pénètre un mince fil de pluie forcée à coup de bélier par le vent qui harcèle l'abondance brutale d'une pluie que ne veut ni homme ni herbe, de même que le tonnerre qui peut te faire bondir comme un enfant, ou ce vent qui pour un peu étoufferait le gong du couchant.
Harry Mathew, Catherine d'Alexandrie, P.O.L., 2000
Lipogramme en S.
C'est le soir. Le vent souffle. Le tonnerre gronde. La pluie tombe. Elle lit une bande dessinée. Elle lit les Hauts de Hurlevent. Le tonnerre retentit brusquement. La pluie était persistante. La pluie devient orageuse. Certains éclairs sont nets. Certains éclairs sont diffus. Le tonnerre fouette les frondaisons. Il fait gris. La pluie forme des fils. Le vent assène des coups de bélier. Le vent pousse les fils. La fenêtre a un cadre. Les fils s'infiltrent par le cadre. La pluie devient abondante. Le vent s'oppose à la pluie. L'homme ne veut pas la pluie. L'herbe ne veut pas la pluie. L'homme ne veut pas le tonnerre. L'herbe ne veut pas le tonnerre. Le tonnerre fait sauter. Un enfant saute. L'homme ne veut pas le vent. L'herbe ne veut pas le vent. Le soir a un gong. Le vent étouffe le gong.
Harry Mathews. Sainte Simplicie. POL. 2000.
Toutes les phrases ont une syntaxe simplifiée à l'extrême : sujet + verbe + complément ou attribut, sans subordonnées, sans conjonctions de coordination, etc.
Si un beau soir
Tu viens t'asseoir
Pour lire un' bande dessinée
Devant la haute cheminée
Si un beau soir
Tu viens t'asseoir
Pour lir' les Hauts de Hurlevent
Prudenc' prends garde aux coups de vent
Les éclairs et le tonnerre
Qui fouettent les frondaisons
Font vibrer la nuit tomber la pluie trembler la terre
Les éclairs et le tonnerre
Inond'nt plus que de raison
La fenêtr' qui se découp' sur le gris d'l'horizon
Si un beau soir
Tu viens t'asseoir
Pour lire un' bande dessinée
Devant la haute cheminée
Si un beau soir
Tu viens t'asseoir
Pour lir' les Hauts de Hurlevent
Prudenc' prends garde aux coups de vent
Le bruit vous fait sauter comme
Les enfants qui dans les champs
Regard'nt l'eau du ciel exaspérer l'herbe et les hommes
Le bruit assourdissant gomme
La musique du couchant
Prendre l'air d'un gong ma mèr' c'est bête et c'est méchant
Si un beau soir
Tu viens t'asseoir
Pour lire un' bande dessinée
Devant la haute cheminée
Si un beau soir
Tu viens t'asseoir
Pour lir' les Hauts de Hurlevent
Prudenc' prends garde aux coups de vent
Parodie de la chanson Le vent de Georges Brassens.
C'est un sabir de vietnamien, de thaï et de philippin.
C'est un sac de Vuitton, de Tod's et de Prada.
C'est un sacrifice de veaux, de taureaux et de poulets.
C'est un salmigondis de verbiages, de tropes et de périphrases.
C'est une sanguine de Véronèse, de Titien et de Poussin.
C'est un scénario de Visconti, de Tarantino et de Pasolini.
C'est une sculpture de verre, de tôle et de plastique.
C'est un sectateur de Varuna, de Tchandra et de Pashupati.
C'est un seigneur de Verdun, de Toul et de Pont-à-Mousson.
C'est un séjour de voile, de thalassothérapie et de plongée.
C'est un séminaire de variations, de topologie et de probabilités.
C'est un sénateur de Vanuatu, de Tanzanie et de Pologne.
C'est une sensation de vertige, de transe et de palpitations.
C'est un sergé de velours, de tweed et de percale.
C'est un sextuor de violes, de théorbes et de psaltérions.
C'est un site de vidéos, de téléchargement et de partage.
C'est un skipper de vaurien, de tartane et de pointu.
C'est une société de voleurs, de traîtres et de pervers.
C'est une somme de vingt, de trois et de pi.
C'est un sondage de vote, de tendance et de popularité.
C'est une sonde de vitesse, de température et de pression.
C'est une sorte de voiture, de taxi et de pousse-pousse.
C'est une soupe de viande, de tomates et de pois.
C'est un spécialiste de virologie, de toxicologie et de pharmacologie.
C'est un spectacle de ventriloquie, de théâtre et de pantomime.
C'est une statue de Vauban, de Turenne et de Pelleport.
C'est un stimulateur de vagin, de tétons et de pubis.
C'est un streaming de Virgin, de Tropiques et de Protestante.
C'est une structure de variables, de tableaux et de pointeurs.
C'est un succédané de Viagra, de tribule et de papavérine.
C'est un successeur de Vitruve, de Thalès et de Pythagore.
C'est une suite de voltes, de tourdions et de pavanes.
C'est un sulfure de vanadium, de titane et de platine.
C'est une superposition de vermillon, de turquoise et de pourpre.
C'est un supporter de volley, de tennis et de ping-pong.
C'est un survol de Vénus, de Titan et de Pluton.
C'est un sympathisant de Villepin, de Tiberi et de Pécresse.
C'est un symptôme de variole, de typhoïde et de paludisme.
C'est un synonyme de voltage, de tension et de potentiel.
C'est une synthèse de Voltaire, de Teilhard et de Pascal.
C'est un système de valves, de tubes et de pistons.
C'est un soir de vent, de tonnerre et de pluie.
Toutes les phrases sont bâties sur le modèle : C'est un S... de V..., de T... et de P..., comme la première phrase de l'original.
Qu'est-ce qu'un poème d'orage ?
J'écris, certains soirs, des poèmes d'orage. Les Hauts de Hurlevent n'est pas un poème d'orage.
Voulez-vous savoir ce qu'est un poème d'orage ? Admettons que la réponse soit oui. Voici donc ce qu'est un poème d'orage.
Un poème d'orage est un poème composé pendant un orage, pendant qu'il pleut et qu'il vente.
Un poème d'orage compte autant de vers que l'orage compte d'éclairs.
Le premier vers est composé dans votre tête entre le premier éclair et le premier coup de tonnerre de l'orage.
Il est transcrit sur le papier entre le premier coup de tonnerre et le deuxième éclair.
Le deuxième vers est composé dans votre tête entre le deuxième éclair et le deuxième coup de tonnerre de l'orage.
Il est transcrit sur le papier quand le deuxième coup de tonnerre éclate. Et ainsi de suite.
Il ne faut pas transcrire tant que l'on n'entend pas le tonnerre.
Il ne faut pas composer avant l'éclair suivant.
Le dernier vers du poème est transcrit après la fin de l'orage.
Si vous êtes obligé d'interrompre votre composition pour aller essuyer l'eau qui s'infiltre par le cadre de la fenêtre, le poème comporte deux strophes ou davantage.
Si par malchance la foudre s'abat exactement sur votre maison, c'est toujours un moment délicat de l'écriture d'un poème d'orage.
James Toy, Saint-Lazare, P.O.L., 2000
Imitation des poèmes de métro de Jacques Jouet.
Le septième soir, l'Éternel envoya un orage d'une si grande violence que les enfants d'Israël n'en avaient point vu de tel depuis que l'Éternel les avait menés hors d'Égypte. Les enfants d'Israël furent effrayés et demandèrent à Moïse pourquoi l'Éternel leur envoyait cet orage. Et Moïse se présenta dans la tente d'assignation et appela l'Éternel. Et l'Éternel répondit à Moïse et lui parla. Voici ce que l'Éternel dit à Moïse.
« Il y a parmi les enfants d'Israël une femme qui est impure. Cette femme lit des mots écrits et regarde des images. Elle est impure parce qu'elle lit des mots écrits et elle est impure parce qu'elle regarde des images. C'est une abomination pour l'Éternel ton Dieu. Va parler aux enfants d'Israël et dis-leur que cette femme doit être enlevée du milieu de son peuple et chassée hors de son camp parce qu'elle est impure. Quand la femme impure aura été enlevée du milieu de son peuple je n'enverrai plus de pluie d'orage aux enfants d'Israël mais une pluie douce et bienfaisante. »
Moïse fit ainsi que l'Éternel lui avait ordonné. Il rassembla les enfants d'Israël devant la tente d'assignation et leur rapporta les paroles de l'Éternel. Moïse dit : « Il y a parmi nous une femme qui est impure. Cette femme lit des mots écrits et regarde des images. Elle est impure parce qu'elle lit des mots écrits et elle est impure parce qu'elle regarde des images. C'est une abomination pour l'Éternel notre Dieu. Cette femme doit être enlevée du milieu de notre peuple et chassée hors du camp parce qu'elle est impure. Quand la femme impure aura été enlevée du milieu de notre peuple l'Éternel ne nous enverra plus de pluie d'orage mais une pluie douce et bienfaisante. »
Alors un homme se leva parmi les enfants d'Israël. Cet homme était Ulipoth, fils d'Ephélèle. Et Ulipoth parla à Moïse, et il dit : « Je connais la femme dont tu parles. Elle lit des mots écrits et elle regarde des images, mais ce n'est point une femme impure. Elle ne sera point chassée de notre peuple mais demeurera parmi nous et nous la protégerons comme notre sœur. » Et les enfants d'Israël approuvèrent les paroles d'Ulipoth.
Alors Moïse retourna dans la tente d'assignation et rapporta à l'Éternel les paroles d'Ulipoth. Il dit à l'Éternel : « Les enfants d'Israël connaissent la femme qui lit des mots écrits et regarde des images. Ils disent qu'elle n'est pas impure et qu'ils la protègeront comme leur sœur. » Alors l'Éternel entra dans une grande colère. Il fit retentir le tonnerre, et la pluie qui tombait sans s'arrêter depuis sept jours et sept nuits se changea en une pluie d'orage. Et il fit jaillir tant d'éclairs qu'il y en avait plus que d'oiseaux dans le ciel et plus que de poissons dans la mer. Et les éclairs aveuglaient les enfants d'Israël qui ne savaient plus si c'était le jour ou la nuit.
Ulipoth et ses frères, les fils d'Ephélèle, virent ces prodiges envoyés par l'Éternel mais ils ne voulurent pas obéir aux ordres de l'Éternel et chasser de leur peuple la femme impure. Ils cachèrent la femme impure, leur sœur, dans la tente la plus grande et la plus forte du camp, qui était faite de peaux lourdes et épaisses et percée d'une seule fenêtre. L'Éternel vit dans quelle tente ils avaient caché la femme impure et envoya contre la tente un vent si fort qu'il frappait comme un bélier sur la fenêtre de la tente. Et le vent de l'Éternel poussa la pluie à travers la fenêtre à l'intérieur de la tente, qui était la plus grande et la plus forte du camp et faite de peaux lourdes et épaisses, et la tente fut inondée.
Quand Moïse vit ces prodiges il se rendit dans la tente d'assignation et implora l'Éternel. Et Moïse parla ainsi à l'Éternel : « Ô Éternel notre Dieu, quand le peuple d'Israël était dans le désert et que la gorge des hommes se desséchait sous le soleil ardent et que le sol était aride, nous t'avons imploré. Éternel notre Dieu, dans le désert tu nous as envoyé ta pluie. C'était une pluie douce et bienfaisante qui désaltérait la gorge des hommes et irriguait le sol pour que l'herbe puisse y pousser. Mais la pluie que tu nous envoies aujourd'hui n'est pas une pluie douce et bienfaisante. C'est une pluie d'orage qui ne désaltère pas la gorge des hommes et n'irrigue pas le sol pour que l'herbe puisse y pousser. C'est une pluie d'orage qui détruit nos tentes et inonde le sol. Ô Éternel notre Dieu, aie pitié de ton peuple et envoie-lui ta pluie douce et bienfaisante. »
La colère de l'Éternel ne s'éteignit pas contre le peuple d'Israël qui avait désobéi à ses ordres et n'avait pas chassé la femme impure du milieu de son peuple. Alors l'Éternel envoya un coup de tonnerre d'une telle violence que les hommes les plus courageux du peuple d'Israël, qui étaient armés pour la guerre, en furent effrayés comme des enfants. Moïse vit ce prodige et résolut d'assembler les enfants d'Israël devant la tente d'assignation afin de leur rapporter les paroles de l'Éternel. Moïse se rendit devant le grand gong d'airain dont les fils d'Aaron sonnaient chaque soir lorsque le soleil se couchait pour que le peuple sache que le jour était terminé et que son labeur devait s'achever. Et Moïse sonna du grand gong d'airain pour rassembler les enfants d'Israël. Mais à ce moment l'Éternel envoya un vent d'une telle violence que le son du vent couvrit le son du grand gong d'airain et que nul parmi le peuple d'Israël n'entendit l'appel de Moïse.
Livre d'Arimath (traduction Pol Segond)
Ce fragment est le seul qui nous soit parvenu d'un passage perdu de l'Ancien Testament, le Livre d'Arimath. Selon les experts il se situait chronologiquement entre le Livre des Nombres et le Deutéronome.
Allan Glaze
Setting swear duh van, detainer aid a plea. A lip lone jay don lull ache turd day odor earl a van abandon see nay. On Bruce cuckoo detainer a lap Louis pair see stunt such and jump Louis doe rash, a vague daze ache lair net hoodie phooey an toner kiddie rate oomph wetly from daze on don leg readers wear.
Par luck add rudder soften ate resin feel trade immense field a plea poos a par lay could bell yeah cull a van assain country lab on dance sue den dump Louis kern Avon yeoman year ber, pap loo skeleton erk eve oo face or take omen Ann fan, ooze van keyer eve press caret oof ale gang does war.
A rim at use, Sent cat reen, pay well, dumb eel
Cette suite de mots anglais, lue avec l'accent convenable, se prononce à peu près comme le texte original.
Éclat, un soir
C'est un soir où l'air tressaille, le tonnerre retentit et l'eau ruisselle. Elle est concentrée sur sa lecture, un recueil illustré. À cet instant le tonnerre éclate et aussitôt l'eau coule à torrents, les éclairs s'accroissent, tantôt nets, tantôt incertains, et on croit ouïr le tonnerre lacérer saules et noisetiers entre les lueurs nocturnes. La croisée laisse suinter sur son contour l'eau acculée à s'insinuer tant l'air insistant l'assaille au canon, contre toute croissance outrancière, or la société et la nature contestent cette incontinence et tout autant le tonnerre car il nous contraint à sauter tel un innocent nourrisson, ou encore le son retentissant où se noient ce soir tous les cris.
Clari Natiouse, Sainte Caroline, L.O.L., 301
Seules les onze lettres les plus fréquentes en français (ESARTINULOC) sont utilisées. Le titre contient une fois chacune des onze lettres.
Soir venteux
Ce crépuscule est pluvieux, tonnant, venteux. Elle lit passionnément quelque roman sentimental. Belle édition illustrée, particulièrement prenante. Au brusque claquement des éclairs, la pluie récurrente se transforme violemment. Ces éclairs jettent leurs lueurs moins nettes, plus troubles. Abandonnées aux coups de fouet, frondaisons, futaies ne paraissent plus qu'une vague vapeur vespérale. Autour des fenêtres fermées, filets, gouttelettes : la pluie suinte. Certainement, elle est frappée par un vent vigoureux. Elle est excessivement forte — hommes ou plantes, pourtant, redoutent toute trombe. Bang ! bruit brutal, choc, clash, comme des enfants nous sursautons, terrorisés. Bientôt certains gongs inaudibles joueront leurs muettes notes occultées par ton vacarme, Zéphyr !
Arry Bathews, Catherine la sainte
Dans chaque phrase les mots sont dans l'ordre alphabétique.
Fog flou, flocon fondu, joli flic-floc.
Un doux cocooning, un bon bouquin (un docu connu) : cool.
Ici, un coup inoui : bing !
Donc, illico, un bond.
Vu d'un coin du living un flux inconnu : glouglou...
Big flood? Non, un long fil fin, ni vil, ni nocif. Ouf !
Flonflon du buccin divin : du foin, du boxon, du buzz quoi !
Voix off du gong non ouï.
Texte écrit après la disparition de Harry Mathews le 25 janvier 2017. Toutes les lettres de son nom ont disparu (lipogramme en H, A, R, Y, M, T, E, W, S).
Nicolas Graner, 2012, Licence Art Libre