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Retour vers Le cothurne étroit

Pensées profondes

Je me pose trop de questions :

Pourquoi c'est toujours toi qui gagnes ?
Qu'est-ce qu'on va manger ce soir ?
À quoi sert ce bouton-poussoir ?
Où va le vent dans les montagnes ?

On me pose trop de questions :

Tu ne sais vraiment pas quoi faire ?
Tu crois qu'on verra des chamois ?
Combien tu veux gagner par mois ?
Dans quel pays est né ton père ?

Pourquoi ne poseriez-vous pas
Des réponses ? Soyez sympas !

On me pose trop de réponses :

En noir et blanc. L'autogestion.
Tous les trois jours. Les pierres ponces.
Jésus. Quelle était la question ?

Moins je sais, plus on m'en propose :
Vénus, le gong, la ménopause,
Le yuan, Pétain, l'acide iodeux,
Mignonne allons voir si la rose,
Un lynx, Le Cri, quarante-deux.

Mais c'est en vain que je m'échine,
Je ne suis qu'un pauvre amateur.
Il me faudrait une machine,
Un gigantesque ordinateur
Faisant le tour de l'équateur
Partout, du Chili jusqu'en Chine.

Ne me posez plus de question :
J'ai pris au mot la suggestion.

J'englobe dans ma calculette
À l'échelle de la planète
Tout être vivant, plante ou bête.

La grenouille dans le lavoir,
Le lys, le ciron, la baleine,
Le jaguar en rut, la phalène,
Le bébé qui met son bavoir,
Les scolopendres, les autruches,
Les binturongs et les lambruches
Travaillent pour moi sans savoir.

À la fin du calcul céleste
Je connaîtrai, restons modeste,
L'univers, la vie et le reste.


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Nicolas Graner, octobre 2021, Licence Art Libre