Si ce n'est pas encore fait, lisez « Insipides incipits » avant de lire la suite de cette page.
Cent idées de livres à écrire, comprenant de nombreuses références littéraires ou linguistiques.
Un commencement peut-il être un tout ?
Sans doute. Un péristyle est un édifice.
Victor Hugo.
Les premiers mots d'un livre, que l'on appelle son incipit, sont parfois les plus difficiles à choisir pour un auteur. Si Proust ou Flaubert nous ont laissé des incipits qui sont devenus des « classiques », Joe Brainard a résolu la difficulté d'une façon ingénieuse. Dans son livre de souvenirs intitulé I remember, toutes les phrases commencent par ces deux mots. L'incipit du livre ne se distingue plus du reste de l'ouvrage.
Ce procédé a été repris par Georges Perec (Je me souviens) et de nombreux autres auteurs par la suite, donnant naissance à une forme baptisée « texte à démarreur » très appréciée des victimes de l'angoisse de la page blanche.
Insipides incipits est un texte à démarreur du deuxième ordre. Pour me faciliter la tâche au cas où je voudrais écrire un livre, j'ai tenté d'énumérer toutes les façons dont je pourrais le commencer ; et pour me faciliter l'écriture de cette énumération, je l'ai équipée d'un démarreur : « j'aimerais écrire un livre qui commence... ».
Ces incipits sont farcis d'allusions à des œuvres existantes, soit par des citations directes soit par des références légèrement décalées. Ils mentionnent aussi des formes littéraires ou poétiques, des contraintes « oulipiennes » et des mots possédant des particularités formelles. Toutes les explications nécessaires figurent ci-dessous dans la section Références.
Note : le mot « incipit » vient du latin signifiant « il commence ». En tant que verbe conjugué, il est en principe invariable en français. Mais il est assez courant de lui donner la marque du pluriel comme je l'ai fait ici, et il m'a semblé que « insipides incipit » aurait été vraiment bizarre.
Parmi les cent phrases qui composent les Insipides incipits, voici celles qui peuvent nécessiter une explication.
Nicolas Graner, 2005, Licence Art Libre