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Commentaire de
Preguntas

En bref.

Des ovillejos, forme de chanson d'origine espagnole.

Mais encore...

L'ovillejo est une forme poétique espagnole que lon peut décrire ainsi :

Les premiers ovillejos connus figurent dans Don Quichotte, dans une chanson de trois couplets que l'on trouvera, suivie d'une traduction française, dans la section Références. On ne sait pas si Miguel de Cervantes a inventé cette forme pour l'occasion ou s'il a été le premier à mettre par écrit une forme de chanson pré-existante.

Dans Preguntas (qui signifie « questions » en espagnol), je propose quatre ovillejos en français. Les octosyllabes et trisyllabes sont comptés selon les règles de la versification française, qui sont assez différentes des règles espagnoles.

Les deux premiers ovillejos condensent des fables de Jean de La Fontaine, à savoir respectivement Le corbeau et le renard et Les animaux malades de la peste. Le troisième fait référence à des propriétés physiques de certaines particules élémentaires, les quarks, auxquelles les scientifiques ont donné des noms poétiques parfaitement arbitraires et sans lien avec le sens usuel de ces mots. Le quatrième est un hommage à l'Oulipo (Ouvroir de littérature potentielle) fondé en 1960 par Raymond Queneau et François Le Lionnais.

Références.

El ingenioso hidalgo Don Quijote de la Mancha
de Miguel de Cervantes Saavedra
(1605 — Primera parte)

Capítulo XXVII

¿Quién menoscaba mis bienes?
Desdenes.
Y ¿quién aumenta mis duelos?
Los celos.
Y ¿quién prueba mi paciencia?
Ausencia.

De ese modo, en mi dolencia
ningún remedio se alcanza,
pues me matan la esperanza
desdenes, celos y ausencia.

¿Quién me causa este dolor?
Amor.
Y ¿quién mi gloria repugna?
Fortuna.
Y ¿quién consiente en mi duelo?
El cielo

De ese modo, yo recelo
morir deste mal estraño,
pues se aumentan en mi daño,
amor, fortuna y el cielo.

¿Quién mejorará mi suerte?
La muerte.
Y el bien de amor, ¿quién le alcanza?
Mudanza.
Y sus males, ¿quién los cura?
Locura.

De ese modo, no es cordura
querer curar la pasión
cuando los remedios son
muerte, mudanza y locura.

Version française
L'Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche
(éditions du Seuil, 1997, traduction d'Aline Schulman)

Qui donc porte atteinte à mes biens ?
Le dédain.
Qui torture ma fantaisie ?
La jalousie.
Met à l'épreuve ma patience ?
Ton absence.

Ainsi donc, où est l'espérance ?
Il n'est de remède à mes maux,
car me mènent droit au tombeau
dédain, jalousie et absence.

Qui veut attenter à mes jours ?
Mes amours.
Qui me rend la gloire importune ?
La Fortune.
Me tend le calice de fiel ?
Notre ciel.

Ainsi donc, pour moi point de miel,
mais des douleurs l'amère écorce,
puisque contre ma vie s'efforcent
l'amour, la Fortune et le ciel.

Qui peut améliorer mon sort ?
C'est la mort.
En amour, qui donne la chance ?
L'inconstance.
Et les malheurs, qui les pallie ?
La folie.

Ainsi donc, rien ne me guérit
de cet amour qui me possède,
car de lui sont les seuls remèdes
inconstance, mort et folie.


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Nicolas Graner, 2020, Licence Art Libre