Des vers dont le nombre total de syllabes est un nombre premier.
Un nombre premier est un nombre entier positif qui n'est divisible par aucun autre (à part 1). Il en existe une infinité : 2, 3, 5, 7, 11, 13, 17, etc. Le pseudo-sonnet Course à l'échalote est construit de telle sorte que si l'on s'arrête de le lire à la fin de n'importe quel vers, le nombre total de syllabes que l'on aura lues sera un nombre premier. On peut vérifier dans le tableau suivant que tous les nombres de la dernière colonne sont premiers :
Vers | Nombre de syllabes | Total depuis le début |
---|---|---|
1 | 11 | 11 |
2 | 12 | 23 |
3 | 14 | 37 |
4 | 10 | 47 |
5 | 12 | 59 |
6 | 12 | 71 |
7 | 12 | 83 |
8 | 14 | 97 |
9 | 12 | 109 |
10 | 18 | 127 |
11 | 12 | 139 |
12 | 12 | 151 |
13 | 12 | 163 |
14 | 10 | 173 |
Je l'ai qualifié de pseudo-sonnet car la structure des strophes et le schéma de rimes (ABBA ABBA CCD EDE) sont ceux d'un sonnet classique. Le nombre de syllabes des vers est variable mais il est toujours le plus proche de 12 compatible avec la contrainte des nombres premiers, afin de ne pas trop s'écarter des alexandrins. De fait, le nombre total de syllabes, 173, n'est pas très différent de celui d'un sonnet d'alexandrins, 168.
Gilles Esposito-Farèse a montré qu'on pouvait respecter la règle des nombres premiers tout en restant beaucoup plus proche d'un sonnet d'alexandrins, en ajoutant un titre de 5 syllabes pris en compte dans le total. On en trouvera une illustration dans les Avatars de Nerval.
Le sujet du poème est tout ce qui tourne autour de la notion de « premier », soit par le sens (leader, meneur, champion...) soit par l'étymologie (primat, primauté, primalité...). Il est délibérément auto-contradictoire, puisqu'il se conclut en affirmant que la poésie échappe à l'omniprésence des premiers, tout en étant entièrement consacré à ce thème.
Nicolas Graner, 2020, Licence Art Libre